Confinement - Semaine 6 "Petit à petit, déplaçons-nous vers l'intérieur"

Le 23/04/2020 0

Dans Journal du Confinement du CMR44

Interiorite

 

Dans la Bible, que de tohu-bohu, de la Création à l’Apocalypse, le Déluge, les 10 plaies d’Egypte, l’Exil, la Déportation, pour ce qu’il en est du peuple de Dieu en quête de son identité.  De tous temps, des prophètes se sont levés, annonçant des jours meilleurs, comme un souffle de liberté sur tous nos esclavages. A la charnière de cette histoire, à l’aube du Nouveau Testament, une révélation nous bouleverse. C’était de bon matin, le premier jour de la semaine, près de la pierre roulée d’une grotte où l’on avait déposé le corps sans vie de Jésus.  Marie de Magdala, dans son élan vers le tombeau vide, catastrophe des catastrophes, va se retourner, tourner le dos à ce tombeau, pour s’entendre dire par le Maître Debout : « Marie ».  Elle le reconnaît dans cet appel au cœur, personnalisé. La Vie ne sera plus comme avant. La promesse de l’Eternel a fait son œuvre en nous.

Petit à petit, déplaçons-nous vers l’intérieur, de nos lieux d’espoirs crucifiés au jardin de la Résurrection ; lâchons prise, de la pierre de notre cœur, qui roule vers sa chute, pour laisser filtrer la lumière du jour qui nous élève. Laissons Jésus venir se déposer en nous, pour susciter notre joie de vivre et nous appeler, chacune et chacun par notre prénom, à sa Vie. Avec les mots de saint Augustin, disons-lui : » Mon cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en Toi ! Belle et sainte fête de Pâques ! Il est vraiment ressuscité !Un peuple nouveau surgit. Nous sommes de ceux-là. L’Apocalypse n’est pas la fin du monde, mais la Révélation de notre identité face à Celui qui est le Chemin, la Vérité, la Vie. Notre Dieu en Jésus-Christ, s’est enfoui dans notre humanité, jusque dans ses limites pour les briser. Ouverture à l’Espérance, dans nos combats menés pour plus de justice, de paix et d’Amour fraternel.

Confinés, nous sommes des ressuscités de l’absurde et de la résignation, dans notre foi. A tout malheur, quelque chose est bon. Si c’est une chance, saisissons-là, pour prendre connaissance d’un monde déséquilibré. Invitation à se retrouver, ensemble, différemment. Inventons des gestes de solidarité pour un isolement collectif. Faisons la pause. Si tout civisme semblait disparaître, puisque nous ne pouvons plus nous éviter, retrouvons l’inconnu voisin de palier. La vie de famille peut gagner en qualité, dans le partage de l’espace qui nous est assigné. Développons un espace intérieur, plein de souvenirs, de projets, de rêves, mais surtout de silence pour écouter l’autre. Nous commençons à voir comment tout le quotidien est précieux, dans sa simplicité, ses moindres gestes d’attention.

Demandons pardon à la nature que nous avons si maltraitée, et qui fait pourtant surgir, chaque jour, le soleil et le printemps. Dame nature ne se laisse pas enfermer dans nos techniques les plus sophistiquées. Nous y retrouvons la création triomphante, vivifiante, qui se situe dans le projet du créateur. La terre est trop belle pour être salie davantage. Le paysage, c’est notre pays que nous voulons admirer et protéger, dans ses ressources à explorer avec modération. Ce n’est pas un temps pour amasser, mais pour se débarrasser. Et quand on commence, chaque petite promenade dans nos vies montre tellement d’incrustations de superflu.

Privés de messe, de communion, mais retrouvons, à domicile, la liturgie de la Parole, celle de la Bible toujours à creuser. Chance du partage d’évangile, dans la communion autour de la table familiale, pourquoi pas ? Avant de communier au Corps du christ, il faut en prendre le chemin, prendre son temps, celui du pardon et de l’humilité, avec les pauvres de notre monde ; Ce pain se gagne. Il nous est donné, suite au pèlerinage du Christ sur notre terre, dans tout un cheminement, du désert aride au blé à moissonner, à la vigne qui s’entretient. Pain et vin, nourriture de base, plaisir des rencontres pour nos fêtes, en famille, dans nos associations, réalisons dans nos privations forcées, ce qui va nous  attendre; une libération qui se mérite , pour repartir, renouvelés, convertis, disponibles, au service du monde, sous le regard d’un Dieu bienveillant. Il nous accompagne, éternellement, dans son Alliance.    

Hubert LEBRETON, prêtre accompagnateur du CMR44

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