NOËL 2019.
Alors l’ange leur dit : « Voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple ». Le clown, il est dans le cirque, le cercle qui trace la rondeur de la terre, et il est là pour apporter de la gaîté au public. Ce soir, le clown prend la voix de l’ange de la crèche, il vient de l’Europe, de l’Occident.
Clown : Bethléem, c’et proche de chez nous, c’est le Proche-Orient, le pays où Jésus vient naître, c’est aussi le Moyen-Orient, c’est-à-dire à mi-chemin, au milieu du monde. Tout ça pour dire que Jésus est au centre, comme un soleil, et sa lumière va se lever partout, à tout le monde, jusqu’à l’Extrême-Orient.
Chinois : l’Extrême-Orient, c’est nous, avec ma tête de mandarin, j’assure un pouvoir et une sagesse de vie ; la route de la soie nous a permis des échanges avec le monde. L’Evangile, il est arrivé à notre porte, avec St François-Xavier, un jésuite, comme le pape François qui a choisi d’ailleurs de porter son nom. Mais, nous avons déjà une religion millénaire, le confucianisme, avec son fondateur Confucius. C’est comme chez vous, tout le monde n’est pas croyant, et beaucoup sont contre toutes formes de religion. C’est notre histoire. Mais il y a des catholiques fervents ; ils sont comme des étoiles, disséminés sur notre sol, et dans la nuit du petit nombre, ils clament l’Espérance apportée par Jésus.
Indien : avant vous, la Chine, il y a nous, les Indes. Et nous avons des figures célèbres, comme Gandhi, apôtre de la non-violence. Chaque pays a sa culture et aussi sa religion bien implantée ; avec nos maîtres à penser, Bouddha, pour le bouddhisme, le shintoïsme, le dalaï-Lama ; nos croyances, comme partout, ont débordées, au-delà de nos frontières. Des chrétiens ? Il y en a, et ils sont proches des pauvres, rappelez-vous, Mère Térésa de Calcutta , et bien d’autres qui ont témoigné de l’Evangile, par leur vie donnée, on dit même que l’apôtre Philippe, dans l’Evangile, est venu mourir chez nous.
Moine : si j’ai une tête de moine-défricheur, je représente les prêtres, religieux, missionnaires, qui sont partis, porter partout, jusqu’au bout du monde, la lumière de Bethléem. L’enfant-Jésus, va grandir, et il va envoyer les disciples qu’il a formé, vers le monde à venir : « Allez donc, de toutes les nations, faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ».
Espagnol : Ola, nous sommes voisins frontaliers, mais nous ne connaissons pas plus, pas plus que les pays qui sont aux extrémités du monde, si nous ne sommes pas branché en réseau aujourd’hui . Pourtant, j’en vois passer du monde, de par chez vous, vers Compostelle. St Jacques, l’apôtre, aurait, dit-on, sa tombe là-bas. Des pèlerinages ne manquent pas sur les traces de St Ignace de Loyola, fondateur des jésuites, Ste Thérèse d’Avila, réformatrice du Carmel, St Jean de la Croix, grand poète mystique. C’est de chez nous que sont partis des missionnaires, à la suite des colonisateurs, pour évangéliser le Nouveau Monde.
Mexicain : le Nouveau Monde ? Mais le monde n’a pas commencé avec vous, nous avons-nous aussi nos divinités, les Aztèques, le Dieu Inca, et bien d’autres vénérations que vous avez refoulés, par la force, quand vous avez débarqués sur nos côtes. Nous avons nos témoins et nos martyrs dans la foi .Sainte Rose de Lima, Monseigneur Oscar Roméro, don Helder Camara ; Amérique latine, car vous êtes venus donner des noms chrétiens à notre géographie, la ville de Bélem, à l’embouchure du fleuve de l’Amazone, c’est Bethléem, car les Portugais y ont débarqués un 25 décembre.
Cheyenne : réserve d’Indiens, nous le sommes devenus, en Amérique du Nord, avec les cow-boys et les Indiens . L’arc-en-Ciel est notre fétiche ; il nous fait signe que toutes les couleurs de la terre se valent en une harmonie naturelle . Suivez les signes de pistes, et vos routes bitumées s’arrêteront sur nos sentiers ; là, nous entendons déjà vos pas, dans cette invitation autour du feu, pour fumer le calumet de la paix : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté »
Indienne Sioux : heureusement que je suis là pour faire bouillir la marmite, mais ne me cantonnez pas aux cuisines. Les hommes sont toujours contents de nous trouver. Et les enfants qui nous tournent autour, qui s’en occupe dans une éducation partagée entre mari et femme ? La parité se met en place en appliquant la parole de Dieu, au premier jour de la création : Homme et femme, il les créa à son image. A la dureté de la guerre, qui ne semble pas s’éteindre sur notre planète, nous offrons la trêve de Noël. Puisse-t’elle s’étendre à toutes les nations de la terre. Que nous n’entendions que les bonnes nouvelles, comme des fleurs cueillies, déposées au pied de la crèche. La Bonne Nouvelle de Noël, c’est le bouquet de toutes nos belles choses, pour parfumer notre terre, de la bonté de Dieu pour tous.
Clown : Les clameurs du cirque se sont tues. Le clown, lui, encore tout maquillé, est triste. Son public est parti, et il n’a pas pu tout dire, comme de ce qui se passe en Afrique, ou dans les pays arabes, autour du pays de Jésus. Tout ne tourne pas rond. « Quel drôle de métier que le mien ». Ils ont souri à mes propos, ou se sont ennuyés. Au fond, ils s’amusent d’eux-mêmes. Il faut aller au-delà des grimaces ou du masque, pour regarder de l’intérieur, qui nous sommes. En chacun de nous, clown ou non, d’ailleurs chacun l’est à sa manière, il y a une personne qui va toujours grandir. Il faut aimer la carapace, si l’on veut toucher le fond du cœur. Dieu en tout cas l’a compris, quand dans son Fils Jésus, il a saisi notre fragile humanité, pour lui en donner toute sa dignité, dans son Corps Glorifié, Ressuscité.
Hubert LEBRETON, aumônier du CMR44
Illustration : « La Nativité » Georges de La Tour.
Texte à imprimer : Noel hubert lebreton (739.71 Ko)